
Assemblée Générale Annuelle du Programme de Politiques de Transport en Afrique (SSATP) à Abuja
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Le Sénégal cité en exemple pour le développement de transports de masse et l’existence d’une autorité organisatrice de la mobilité (CETUD)
Au cours des 25 prochaines années, 500 millions de personnes supplémentaires vivront dans des villes africaines qui, pour la plupart, ont des services urbains qui suivent difficilement le rythme d’urbanisation. Les réseaux routiers sont le plus souvent congestionnés, avec des externalités négatives sur la performance économique et la qualité de vie des habitants. C’est là tout le sens de l’Assemblée générale annuelle du Programme de politiques de transport en Afrique (SSATP), tenue du 2 au 6 juillet 2018, à Abuja au Nigéria et, qui a porté sur trois thématiques constituant les piliers de son 3ème Plan de développement (DP3) à savoir : le transport urbain et la mobilité, l'intégration régionale et la sécurité routière.
Durant cinq jours, plus de 230 délégués de divers pays africains et d'autres parties du monde, ont échangé sur les défis et enjeux de la mobilité en Afrique. Il s'agissait notamment de ministres et secrétaires permanents des ministères des transports, de directeurs de ministères des transports en Afrique, des conseils économiques régionaux (CER), des institutions de gestion des corridors, de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, de la Banque mondiale (BM), de l'Union européenne (UE), de la Banque africaine de développement (BAD), de la Banque islamique de développement (BID), d'autres bailleurs et d’experts en transports. La délégation sénégalaise conduite par le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Monsieur Abdoulaye Daouda DIALLO a présenté quatre communications lors des sessions techniques : (i) le projet de BRT de Dakar, (ii) le retour d’expérience du CETUD comme Autorité organisatrice de la mobilité, (iii) l’utilisation des données mobiles par le CETUD, (iv) le projet de mise en place d’un établissement dédié à la sécurité routière au Sénégal. En présence de 30 ministres africains en charge des transports, Monsieur Abdoulaye Daouda DIALLO a discuté le vendredi 06 juillet des défis mais aussi des opportunités offertes par la mobilité urbaine au Sénégal. A ce propos, il a rappelé l’importance des deux projets de transport de masse qui s’inscrivent dans une perspective de mobilité durable pour la région de Dakar : le Train Express Régional (TER), qui apporte une réponse structurelle à travers un système de transport moderne devant accompagner la croissance urbaine vers l’Est de l’agglomération dakaroise, avec la desserte de la ville nouvelle de Diamniadio et du nouvel aéroport (AIBD) dans sa seconde phase ; le Bus Rapid Transit (BRT), qui sera destiné à améliorer les conditions de déplacements entre le centreville et le Nord de l’agglomération (Guédiawaye), avec un enjeu de restructuration urbaine le long du corridor.
Des investissements importants ont été consacrés au développement des projets de TER et de BRT pour acheminer respectivement 115 000 et 300 000 voyageurs par jour à Dakar. La mise en service du TER est prévue en 2019, celle du BRT en 2021. Il a aussi été précisé que la réussite de ces deux projets tient compte d’une stratégie d’intégration tarifaire du futur réseau métropolitain hiérarchisé (transports de masse, lignes de bus structurantes et de rabattement), afin de rendre plus performants les transports publics et d’infléchir la courbe de croissance de l’automobilité. Monsieur le Ministre en charge des transports terrestres a également partagé la stratégie et les actions que le gouvernement du Sénégal a initiées pour faire face à la mobilité urbaine dans les villes secondaires à travers le programme de modernisation des villes (Promovilles), le programme de modernisation des transports urbains (transport par minibus et professionnalisation des acteurs), les études en cours pour la mise en œuvre de Plans de Mobilité urbaine Soutenable. Après avoir félicité le SSATP pour sa contribution aux politiques de transport en Afrique ainsi que son programme de renforcement de capacité, les Etats membres ont globalement retenu comme priorités : le développement de la connectivité et du commerce interafricain ; la réalisation de notes conceptuelles promouvant le développement du transport durable dans les villes africaines ; la réforme des cadres de gouvernance des villes et la mise en place d’observatoires de la mobilité ; l’intégration des TIC / données mobiles afin de relever les défis liés à la gestion des corridors, de la mobilité urbaine et de la sécurité routière ; la nécessité d’harmoniser et d’approuver, à travers les Communautés économiques Régionales, les cadres réglementaires et juridiques afin de favoriser l’intégration régionale ; le développement de clusters économiques profitables aux chaines logistiques locales et aux PME ; l’établissement de stratégies de maintenance routière efficaces intégrant le respect des normes de chargement ; la création d’un établissement public dédié à la sécurité routière pour les pays membres qui ne l’ont pas encore fait ; le développement de transports de masse par BRT pour répondre aux besoins de mobilité et d’amélioration de l’accessibilité dans les villes africaines ; la réglementation des niveaux d’émissions des véhicules de transport et le développement des infrastructures et équipements pour les modes non motorisés.
En marge de l’assemblée générale, le Ministre des infrastructures des Transports terrestres et du Désenclavement s’est longuement entretenu avec son homologue marocain sur la coopération dans le domaine des infrastructures de transport, des services et de la logistique, de la facilitation du transport et du transit routier. Par ailleurs, les représentants de la Banque mondiale et de la Banque Africaine de Développement ont été reçus en audience. L’occasion a été saisie pour faire le point sur le déroulement des projets en cours et discuter de nouvelles perspectives. Ainsi, la Banque mondiale a réaffirmé sa disponibilité pour accompagner l’Etat du Sénégal à développer un transport multimodale sur le corridor DakarBamako et à examiner les possibilités de financement d’un nouveau PATMUR (Projet d’Appui aux Transports et à la Mobilité Urbaine) à Dakar et dans les villes secondaires. Avec la BAD, le point a été fait en particulier sur l’avancement de la Transgambienne dont le gros œuvre devrait s’achever en fin d’année.